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Et si nous abordions ce matin l'idée du lâcher prise, concept largement utilisé, répété comme une chose à absolument faire mais nous nous posons souvent la question : comment faire ? Même si nous pouvons comprendre intellectuellement l'idée, nous pouvons nous sentir entre abandon, renoncement, liberté, passivité, détachement.. bref tout ceci n'est pas toujours très clair.
et comment passer de l'idée, forte allèchante, à la mise en pratique, comment faire ?
Voici un article de psychologie.com de gilles Farcet, collaborateur de Arnaud Desjardin.
bonne lecture
Lâcher prise, c’est accepter ses limites
A force de vouloir contrôler tout ce qui nous entoure, nous gaspillons
notre énergie et perdons notre sérénité. D’où le fameux “lâcher-prise” !
Une attitude intérieure d’ouverture à la vie et aux autres dont
l’écrivain Gilles Farcet nous livre quelques clés.
Il faut, paraît-il « lâcher prise ». C’est en tout cas ce que tout un
chacun peut lire ou entendre répéter dès qu’il est question d’une
approche spirituelle de l’existence.
Si cette expression a fait florès au point de devenir un cliché du développement personnel, ce qu’elle recouvre n’en reste pas moins confus. Elle est prétexte à bien des malentendus. Qu’avons-nous, au juste, à « lâcher » ?
Quelle est donc cette « prise » qu’il conviendrait de desserrer ? Cette attitude est-elle compatible avec un positionnement responsable ? Si oui, comment passer du concept à la pratique ? Les enseignements de sagesse traditionnels s’articulent tous autour de cette question. Nous pouvons donc nous tourner vers eux et y chercher des réponses, qu’il nous appartient ensuite de faire nôtres.
Entretien avec l'écrivain Gilles Farcet.
Si cette expression a fait florès au point de devenir un cliché du développement personnel, ce qu’elle recouvre n’en reste pas moins confus. Elle est prétexte à bien des malentendus. Qu’avons-nous, au juste, à « lâcher » ?
Quelle est donc cette « prise » qu’il conviendrait de desserrer ? Cette attitude est-elle compatible avec un positionnement responsable ? Si oui, comment passer du concept à la pratique ? Les enseignements de sagesse traditionnels s’articulent tous autour de cette question. Nous pouvons donc nous tourner vers eux et y chercher des réponses, qu’il nous appartient ensuite de faire nôtres.
Entretien avec l'écrivain Gilles Farcet.
Avant de prétendre "lâcher", encore faut-il savoir ce que nous "tenons" ?
Au commencement de toute "prise" se trouve l’ego, une conviction, un
ressenti dont tout découle. Moi, Pierre ou Paul, j’existe indépendamment
du tout, séparé, seul face à l’autre, c’est-à-dire tout le reste, tout
ce qui n’est pas "moi" et qui, étant "autre", n’obéit pas toujours à ma
loi.
L’identification à ce très cher moi se paie au prix fort : me
ressentant séparé, je vis à la fois dans la peur et dans une illusion de
toute-puissance. "Seul contre tous", "Après moi le déluge", telles sont
en somme les deux croyances sur lesquelles se dresse l’ego.
Lâcher-prise, c’est abandonner une illusion, celle de la séparation.
Ce lâcher-prise ne sous-entend en rien une négation de l’individualité.
Pierre reste Pierre, Paul demeure Paul. Simplement, la partie se
reconnaît comme expression du tout, la vague se sait forme du grand
océan et, du même coup, reconnaît les autres vagues comme autant
d’expressions de ce qu’elle-même est au plus profond. Par un apparent
paradoxe, l’autre à la fois disparaît – nul ne peut plus m’être
essentiellement étranger – et se trouve comme jamais reconnu dans sa
différence existentielle. Le moi séparé cesse d’être l’étalon, la mesure
de toute chose. Il n’y a plus de moi pour exiger de l’autre qu’il se
conforme à mes critères. Le lâcher-prise se produit dès lors que le moi
accepte de l’autre, de tout autre, qu’il soit autre.
Voilà pour la métaphysique, qu’en est-il de la pratique au quotidien ?
Le sens du moi séparé se maintient instant après instant par le refus
plus ou moins conscient de l’autre (c’est-à-dire de ce qui est – "Moi,
je ne veux pas qu’il pleuve ce matin", "Moi, je ne veux pas que ma femme
fasse cette tête", "Moi, je refuse que ce qui est soit et je prétends
mettre autre chose à la place" –), refus qui s’accompagne de la
prétention sous-jacente à tout contrôler.
Le fait même que "moi, je ne
veuille pas" implique la conviction qu’il pourrait en être autrement
parce que tel est mon souverain désir. Nous refaisons sans cesse le
monde à grands coups de "si", de "quand" , au nom de ce qui "devrait
être", "aurait pu être", "pourrait éventuellement être", et nos pensées
vagabondent dans le passé ou le futur. Il est bien rare que nous soyons
vraiment " ici et maintenant " – alors même que nous ne pouvons en fait
être ailleurs qu’ici et à un autre moment que maintenant. Quoi que mon
mental prétende, je me trouve là où sont mes pieds. Si je pense au passé
ou au futur, c’est toujours maintenant. Passé, futur, ailleurs
n’existent qu’en tant que pensées surgissant ici et maintenant.
La pratique la plus simple et efficace du lâcher-prise consiste donc à s’exercer à demeurer un ici et maintenant avec ce qui est ?
Cette pratique n’exclut en rien l’aptitude à prévoir, à organiser ni ne
nous dispense de nos responsabilités. L’attitude d’ouverture
inconditionnelle à l’instant ne conduit nullement à baisser les bras, à
tolérer l’intolérable. Le lâcher-prise, dans l’immédiateté, est
totalement compatible avec l’action dans la durée. Le lâcher-prise n’est
pas se résigner mais être conscient de ses limites.
Je marche dans la
rue, un vieillard se fait renverser sous mes yeux. Le fait que je
pratique ici et maintenant le lâcher-prise (sur des questions comme :
est-ce grave ? sa vie est-elle entre mes mains ?) ne me conduit pas à
m’abstenir de lui venir en aide. Bien au contraire, en m’épargnant les
pensées parasites ou les atermoiements, ce positionnement intérieur me
permet d’agir plus vite, dans la mesure exacte de mes possibilités.
Ici et maintenant, il m’appartient de poser un acte, de proposer quelque chose... dont la vie disposera ?
Ainsi je garde toute mon énergie pour agir, plutôt que de la gaspiller.
En renonçant à contrôler l’avenir, j’obtiens souvent de meilleurs
résultats ici et maintenant.
En vérité, notre seul pouvoir, notre seule
responsabilité réelle, s’exerce dans l’instant présent, lequel, bien
sûr, prépare les instants futurs mais sans que nous puissions obtenir de
garanties quant à l’avenir, y compris la seconde suivante. "La vie,
c’est ce qui vous arrive pendant que vous êtes en train de faire
d’autres projets", a dit John Lennon. Lâcher prise, c’est aussi cesser
d’aborder l’existence avec une mentalité d’"assuré tous risques". Quelle
que puisse être la prétention du moi à contrôler l’avenir, la vie n’est
pas une mutuelle et n’offre aucune garantie.
Une pratique assidue du lâcher-prise soulage d’un grand poids ?
Elle nous affranchit du complexe d’Atlas portant le monde sur ses
épaules. Elle fait coïncider le plus profond détachement avec le plus
authentique sentiment de responsabilité envers soi-même et les autres.
Elle est aussi le fondement de la vraie confiance en soi. Tant que je me
crois séparé et m’attribue un pouvoir sur ce qui est, je ne peux que me
surestimer ou me sous-estimer.
Dès l’instant où le moi est remis à sa
place, il est reconnu pour exactement ce qu’il est, avec ses forces et
ses faiblesses, ses limites naturelles totalement acceptées.
Représentons-nous un instant notre rôle de parent, de citoyen, de
conjoint ou encore l’exercice de notre activité professionnelle
envisagés sous cet angle…
Mais cette attitude, en elle-même simple, est
difficile à pratiquer. Elle va à l’encontre de nos conditionnements les
plus ancrés. Toute la sagesse pratique du lâcher-prise se trouve sans
doute synthétisée dans la magnifique prière des Alcooliques anonymes :
"Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas
changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse
d’en voir la différence."
Quelques techniques
Comment s’y prendre
Lâcher prise sur une rancœur, une peur, une émotion négative, revient
souvent à détourner son regard de la difficulté… sans pour autant la
fuir. Quelques pistes pour y parvenir :
Se centrer sur sa respiration quand l’obsession du problème réapparaît :
imaginer qu’à chaque expiration on repousse la colère, la tristesse,
les sentiments négatifs ; et qu’à chaque inspiration on inhale la
confiance, la joie, la gratitude.
En relaxation, visualiser des horizons, des paysages ouverts. Se mettre en scène en se voyant libéré du problème.
Créer des rites pour se séparer symboliquement de ce qui nous fait
mal: écrire une lettre de ressentiment puis la jeter au feu, organiser
avec soin une véritable «cérémonie de divorce », déclarer à haute voix,
devant un entourage choisi, sa volonté de se libérer de ses émotions
négatives…
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