Voici un article témoignant de l'avancée et du début d'une acceptation des médecines complémentaires dans les hôpitaux.
Pour ne parler que de sophrologie, j'interviens à la ligue contre le cancer depuis plusieurs mois, et je constate d'un côté des malades en demande de mieux être et d'accompagnement et de l'autre le monde hospitalier en déni de ces méthodes.
Reconnaitre les éventuels bienfaits est une chose mais les intégrer dans les institutions médicales n'est pas encore vraiment d'actualité en France ....
Article de Huffpost Par Aude Lorriaux
Publication: 12/07/2012
C'est une incursion timide, mais qui gagne chaque jour un
peu plus de terrain, et qui surtout répond à une demande grandissante.
L'assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), une structure qui
regroupe 39 hôpitaux et gère plus de 22.000 lits à Paris et en
Île-de-France, a décidé mercredi 11 juillet d'encadrer les médecines
complémentaires (acupuncture, hypnose, ostéopathie...) et de les
"valoriser", à court terme.
De quoi apporter une réponse à des milliers
de patients et notamment aux patients qui souffrent de maladies graves :
entre 30 et 50% d'entre eux ont recours à ces médecines
complémentaires, que ce soit dans l'espoir d'une guérison ou pour
soulager la douleur, selon le professeur Jean-Yves Fagon, l'homme qui a
piloté la mission sur les médecines complémentaires, et que le Huffington Post a contacté.
Il s'agit désormais de séparer le bon grain de l'ivraie, ou plutôt,
de l'inutile.
"L'acupuncture est efficace peut-être sur les douleurs
lombaires, et l'hypnose pour l'anesthésie, mais tout ne peut pas être
efficace sur tout", prévient le professeur.
Pour encadrer les médecines
complémentaires, un Comité hospitalo-universitaire (CHUMC), va donc être
créé. Il sera "responsable de l'organisation de la recherche, de
l'agrément interne des diplômes ainsi que de l'organisation et du suivi
de l'activité de soins". Ce comité aura également pour mission de
proposer "un projet d'offre de soins en médecines complémentaires pour
le personnel hospitalier". "Il nous faut construire une méthodologie,
car ce sont des matières que nous connaissons peu", explique Jean-Yves
Fagon.
Faire entrer ces médecines, comme la médecine traditionnelle
chinoise, n'allait pas de soi. Les études qui ont été menées pour
prouver leur efficacité n'ont pas toujours réussi à montrer des
résultats "clairs", et le corps médical, pour cette raison, s'y était
longtemps montré opposé.
Au sein de l'AP-HP même, des voix se font
entendre pour critiquer cette introduction, même très prudente, des
médecines complémentaires. "Inutile de rappeler que la médecine chinoise
traditionnelle se fonde sur des principes élaborés il y a plusieurs
milliers d’années, à une époque où les connaissances sur le
fonctionnement du corps humain étaient pratiquement inexistantes, et que
ces principes n’ont jamais pu être vérifiés", critique un "employé de
l'AP-HP" sur le site de l'Association Française pour l’Information Scientifique.
Un centre de médecine chinoise à la Pitié-Salpêtrière
Mais depuis, la recherche a avancé, et l'AP-HP ayant testé l'acupuncture sur son personnel a elle-même obtenu de bons résultats.
"Le grand public est très en demande et de plus en plus de médecins
s'intéressent à la médecine chinoise en France. Mais il y a une
non-reconnaissance de la médecine chinoise dans notre pays", souligne sur Doctissimo.fr le Dr Éric Bourbonnais, acupuncteur et enseignant dans une école de médecine chinoise.
Cela fait plus de dix ans que des médecines complémentaires sont
pratiquées au sein de l'hôpital, mais c'est seulement en 2011 qu'une
vraie réflexion s'est amorcée sur le sujet. Jusqu'à cette date, les
médecines étaient "tolérées", mais "sans qu'on sache très bien ce qui
s'y passait", explique Jean-Yves Fagon .Cette année-là, un centre de
médecine chinoise est créé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, puis un
comité est chargé de dresser un état des lieux et d'émettre des
recommandations sur leur développement en son sein. Deux journées
d'études ont aussi été organisées au sein du réseau d’hôpitaux
parisiens, pour approfondir les connaissances dans ce domaine.
Aucun praticien titulaire dédié
La création de ce comité a permis d'y voir plus clair. Il a remis en mai 2012 un rapport,
sur la base duquel ont été décidé l'encadrement et la valorisation des
médecines complémentaires.
Ses membres ont ainsi recensé "plus de 15
types de types de traitements complémentaires" dans les établissements
de l'AP-HP. 23 praticiens y avaient déjà recours pour soigner leurs
patients, mais sans que ces médecines soient le coeur de leur pratique.
En sus de ces titulaires de l'hôpital, une quarantaine de praticiens
attachés y ont recours. Aucun titulaire n'est donc exclusivement dédié à
ces médecines, une formule qui convient à l'ancien directeur de la
politique médical de l'AP-HP, Jean-Yves Fagon. "C'est le bon système",
soutient le praticien, qui cite en exemple la formation de
toucher-massage, très utile dans les services de gériatrie où le
personnel est amené à transporter les patients du lit vers le fauteuil
et vice versa. De quoi rendre moins douloureux un moment parfois pénible
pour les personnes âgées.
Enfin, la recherche clinique sur ces médecines est encore
balbutiante. "La France est en retard", constate Jean-Yves Fagon. Au
sein de l'AP-HP, on recense ainsi seulement 9 projets dans ces domaines
dont deux en acupuncture, deux en hypnose, trois en ostéopathie, un en
toucher relationnel et un en sophrologie.
Les médecines complémentaires,
dispensées dans des structures de soins variées comme les centres
anti-douleur, les soins palliatifs, la gynécologie-obstétrique, la
pédiatrie, la gériatrie, l'oncologie, ou l'addictologie, en
consultations externes ou en hospitalisation. Ces activités sont
pratiquées par des professionnels médicaux et paramédicaux (séances
spécifiques et/ou intégrée aux soins courants), mais aussi par des
bénévoles d'associations.
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